La mentaphobie est l'attitude de dénégation de l'existence d'une pensée animale.
Demandez à quiconque ce qui sépare les humains des animaux, il ne vous répondra pas "la sensibilité", mais "les animaux n'ont pas de conscience". "Bête comme cochon", "cervelle de moineau", "âne bâté", notre langue reflète ce mépris envers l'animal, jugé dépourvu de facultés mentales et soumis à "l'instinct".
Ces préjugés sont partie intégrante d'une stratégie d'exclusion qui vise à stigmatiser les animaux pour justifier leur exploitation et se donner le droit de les tuer. Ils reposent sur l'ignorance concernant les avancées scientifiques en matière de cognition animale, que les pouvoirs publics ne répercutent pas, dans un pays toujours fortement marqué par la thèse de l'animal machine de Descartes.
Le spécisme est la discrimination fondée sur le critère de l'espèce, de même que le racisme se fonde sur la "race" et le sexisme sur le sexe. C'est une idéologie d'oppression de celui qu'on estime inférieur.
Cette idéologie, particulièrement développée dans le monde occidental, considère qu'il est légitime de discriminer les animaux au motif que ceux-ci ne sont pas doués de raison. Mais d'une part c'est faux1, d'autre part même si c'était vrai, certains humains (enfants en bas age, handicapés mentaux) ne sont pas doués de raison, et pourtant on ne les envoie pas à l'abattoir ! C'est toujours aux animaux qu'on impose des mauvais traitements, finalement pour la seule raison qu'ils n'appartiennent pas à notre espèce.
La discrimination est donc purement arbitraire.
Pour autant, et contrairement à ce qui est régulièrement dit par les persécuteurs d'animaux, les partisans des droits des animaux ne prônent pas l'asservissement des humains ! Mais qu'on traite de manière égale les humains et les animaux, c'est-à-dire que les seconds puissent bénéficier d'une protection légale comparable aux premiers. Mais les partisans d'une vision réactionnaire et prédatrice de l'humanisme, qui ne voient la dignité de l'humain que si elle s'accompagne du mépris de l'animal, ne veulent pas qu'on respecte les uns comme les autres. Bien que la lutte pour les droits des animaux et contre le spécisme ne repose pas sur les bons sentiments mais sur l'idée de justice, laissons-les méditer sur cette maxime de Lamartine : "On n'a pas deux cœurs, un pour les humains et un autre pour les animaux ; on en a un, ou pas du tout".
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